A3.1 Nations, nationalismes et mondialisation : adaptations, mutations et permanences
A3.1 Nations, nationalismes et mondialisation : adaptations, mutations et permanences
Panel A3.1 : Trajectoires personnelles et parcours collectifs : entre ipséité et convergence
a) La transmutation du nationalisme français en gaullisme et son instrumentalisation comme élément de l’identité nationale : analyse des campagnes présidentielles sous la Vè République (1965-2017), Andrada Cretanu (IRM-CMRP, Université de Bordeaux)
b) De Louis-Hippolyte LaFontaine à René Lévesque : ces héros qui font (pour un temps) l’unanimité, Éric Bédard (TÉLUQ)
c) Le consociationalisme comme réponse à certaines demandes nationalistes : le “modèle canadien” du fédéralisme consociatif, - Dave Guénette (McGill University)
Résumé de l'atelier
Le « paradigme national » n’est plus aussi souverain qu’auparavant. Dans le contexte de la mondialisation actuelle, il se pare d’une charge symbolique souvent négative ; les ambitions nationalistes ne sauraient plus guère se justifier par elles-mêmes, mais abondent vers un mécanisme utilitariste obligeant les partis qui les portent à développer des programmes politiques complets. Le désir d’indépendance ne peut plus être motivé par la seule allégation d’une « condition nationale », mais doit se voir accompagné d’un horizon politique lui conférant ses gages de respectabilité internationale et suscitant l’approbation des citoyens. Les mouvements nationalistes, du centre comme de la périphérie, doivent ainsi prendre position autant sur les clivages traditionnels qu’en fonction des enjeux accompagnant la mondialisation. Cette nouvelle donne se constate tant par le renouvellement des idéologies avec lesquelles le nationalisme doit composer, que par celui des nouvelles modalités du politique. La condition économique néolibérale suggère, quant à elle, la concurrence autant que les mécanismes d’interdépendance et de coordination nouvellement générés ; soit une redéfinition des rapports à l’Autre. Elle alimente par endroit le désir d’une intégration politique, ou bien quelques résistances protectionnistes. Une nouvelle condition sociologique – particulièrement en Occident – incite à repenser les modèles de société, d’intégration et d’attitude face au fait religieux. La révolution des modes de communication brouille également les limites d’espaces publics jadis nationaux. Enfin, la crise systémique que connaît la modalité représentative de nos démocraties affecte le rôle nodal que jouait jusqu’ici les partis. Leur relatif déclin et le renouvellement des formes partisanes n’épargne pas les mouvements nationalistes contraints de s’adapter. C’est ainsi qu’il faut voir la tentation d’une certaine « rétrotopie » (au sens du sociologue Zygmunt Bauman), dans le contexte d’une insignifiance généralisée qui les portent à une quête d’identité, d’authenticité, où le passé détermine hautement le présent, quitte à le corseter. C’est ainsi qu’il faut voir également la manière dont ces mouvements épousent, avec une certaine élégance idéologique, les courants et attitudes postmatérialistes de l’heure. C’est tout le paradoxe de cette idéologie forte de n’avoir « jamais engendré “ses” grands penseurs » que de s’en remettre à une plasticité jusqu’ici inépuisée. C’est tout le défi auquel sont confrontés les nationalismes aujourd’hui que de repenser leur condition à l’aune de la mondialisation et de l’hybridation.