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P8. L’État agile. Comment les infrastructures technologiques transforment-elles les services publics en Afrique ?

a) Digitalisation des services publics de l’identité nationale et lutte contre la corruption. Le cas du passeport au Cameroun, Jean Daniel Bombela, Politologue, Université de Yaoundé II 

b) E-administration au Cameroun : entre agilité de l’État, modernisation du service public et résistance au changement, Aristide Menguele Menyengue, Politologue, Université de Douala 

c) La digitalisation de la fiscalité et le développement économique en Afrique, Claude Vanina Bodo Bella, Politologue, Université de Douala

d) Agilité de l’État en Afrique et renforcement de la cyber-sécurité. L’apport de la coopération multilatérale, Guy Mvelle, Professeur de relations internationales, Université de Dschang

 

Résumé du panel

Les dynamiques de l’État occupent une place centrale dans les études africanistes depuis les années 1960. Ces études rendent compte du développement de l’État, de ses logiques de domination, de son extraversion, de son investissement par le capitalisme mondialisé et des diverses subjectivités qui l’animent. L’une de ces réflexions a porté sur la manière dont l’administration publique se réforme pour améliorer la délivrance des services. Ces études ont montré que la recherche de « la performance » est rendue possible grâce à la « bureaucratisation » et le « Nouveau Management Public ». Cependant, l’avènement du digital bouleverse l’économie des services publics et invite à penser la manière dont l’usage des technologies réinvente la bureaucratie. La digitalisation met en évidence ce que nous appelons « l’État agile » en tant que nouveau paradigme de l’État en Afrique. Il s’agit d’abord de prolonger les réflexions qui articulent la mondialisation, les organisations publiques et la gouvernance, mais en mettant l’accent sur l’appropriation administrative des artéfacts digitaux. Il s’agit aussi de saisir les formes que prennent ces services publics à l’ère du digital. Forgé dans les Computational sciences, plus particulièrement au sein des projets informatiques, puis importé dans les sciences managériales, « l’agilité » désigne la capacité d’une organisation à prospérer dans un marché en réagissant rapidement et efficacement aux évolutions. « Devenir agile », c’est opérer un changement de mentalité et de stratégie pour innover dans des contextes en constante évolution. Il ne s’agit pas simplement pour une administration de se réformer, mais de le faire rapidement. Bien qu’il existe une érudition sur la digitalisation en Afrique ; peu de réflexions articulent ce processus global à la question de la réforme de l’État. En revanche, les réflexions qui analysent les représentations forgées par digital témoignent du besoin de discuter du devenir agile de l’État en Afrique. En se constituant comme un laboratoire, l’État en Afrique construit au moyen du digital, sa capacité à réagir rapidement face à la vitesse des transformations sociales. Il fait ainsi le choix de devenir « agile » en tirant profit des infrastructures technologiques nécessaires à la réinvention du service public et à l’accélération de son processus de développement durable. « L’État agile » renvoie donc à un État qui s’adapte rapidement aux évolutions au moyen de l’utilisation des technologies digitales et d’un management adapté aux contextes dynamiques. En Afrique, chaque gouvernement a adopté un agenda de transformation digitale couvrant tous les secteurs d’activités. Cette mobilisation du digital s’est accentuée avec la pandémie du Covid-19. La digitalisation de l’État trouve sa caution dans le besoin d’accélérer la délivrance des services dans un contexte où l’explosion démographique intensifie le travail administratif. Le but de ce panel est donc d’analyser la capacité de ces administrations africaines à répondre aux besoins croissants des usagers. Quelles pratiques agiles les services publics adoptent-ils ? Comment le digital modifie-t-il la délivrance des services aux usagers ? Qui construit l’agilité de l’État et suivant quelles logiques ? Quelles sont les subjectivités numériques en contexte d’agilité ?

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